dimanche 16 septembre 2012

Circoncision, de l'espoir à l'Est !

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/quinze-minutes/4256795-circoncision-le-mystere-du-prepuce-15-09-2012.html


Circoncision: le mystère du prépuce

Samedi, 15 septembre 2012 à 12:46

Le débat sur la circoncision en Allemagne a rebondi cette semaine avec le soutien déclaré du ministre des Affaires étrangères invité à une ordination de rabbins à Cologne. Dans la même ville, un tribunal a jugé par contre cette pratique hors la loi lorsqu’elle se fonde sur des motifs religieux ou culturels. En Suisse aussi, les esprits sont à vif. Un reportage de Simon Corthay, réalisé par Sylvain Michel.
Aujourd’hui, le CHUV à Lausanne enlève 600 prépuces par an, des circoncisions d’enfants qui se fondent souvent sur une demande des parents. Ces circoncisions non médicales sont facturées 600 francs et ne sont pas remboursées par les caisses-maladie. Chirurgien en pédiatrie, Pascal Ramseyer explique que ses confrères et lui répondent à cette demande pour éviter des circoncisions "sauvages", comme celles qu’il lui arrive de devoir "réparer".
Wahid a vécu ce traumatisme : à l’âge de quatre ans, il a été circoncis sans anesthésie dans le village de son père, en Algérie. Trente ans plus tard, après des années d’enfouissement, l’épreuve est remontée à la surface. Pour s’en sortir, Wahid a besoin de soutien psychologique; il travaille aussi à la réalisation d’un film sur la circoncision.
Des motifs hygiénistes
Malgré le poids de la tradition, certains parents renoncent à la Brit Milah, comme ce couple composé d’une maman juive et d’un papa chrétien dont le fils de quatre ans, juif par sa mère, n’est pas circoncis. "Attention, réplique un mohel, préposé à la circoncision dans la communauté israélite: cette maman met son fils en danger !" Ce chirurgien, lorsqu’il devient mohel, explique aussi que l’ablation du prépuce permet à l’enfant devenu homme de "canaliser sa perversion" sexuelle.
Ces principes de moralité se retrouvent aussi dans l’islam, note ce spécialiste du droit arabe et musulman. Sami Aldeeb s’intéresse depuis des années à la circoncision, une pratique qu’il a aussi retrouvée chez les chrétiens de l’ère victorienne et du puritanisme américain. Dans ce cas, les motifs hygiénistes cachent à l’origine la volonté de réprimer la masturbation.
Pour Sami Aldeeb, les religieux ont au cours des siècles justifié la circoncision en invoquant tout et son contraire. Ainsi, quelques siècles avant les Victoriens, Thomas d’Aquin considérait l’ablation du prépuce comme un péché mortel. Le regard critique est aussi celui du juriste: "Le droit à l’intégrité physique est garanti par la Constitution suisse et un juge helvétique, s’il en avait le courage, pourrait aussi voir la circoncision comme une mutilation, une atteinte aux droits de l’enfant".
Pour Wahid, la mutilation est surtout psychologique. Le jour où il aura un fils, l’homme de 30 ans explique qu’il ne veut pas, même en Suisse, lui imposer ce que son propre père lui a infligé, lorsqu’il avait quatre ans en Algérie. Wahid: "En même temps, je crois que si un père ne fait pas circoncire ses fils, il ne pourra pas leur transférer sa propre culpabilité".
Simon Corthay

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