jeudi 26 avril 2012

Une présentation brève et claire du problème de la circoncision




L'affolement sur la circoncision

Aller au fond des choses...


(HONG KONG) - L'exceptionnalisme américain prend de multiples formes. L'une des moins remarquées est la préférence pour la circoncision des garçons. Différente des musulmans et des juifs, pour qui c'est une exigence religieuse ou tout au moins traditionnelle, couper une partie du pénis est étranger à la plupart des autres cultures et habituellement effectué uniquement à des fins médicales, ou parfois esthétiques.

Mais les Etats-Unis sont maintenant en train d'essayer de promouvoir la pratique dans les pays en voie de développement soi-disant comme défense contre le sida. La Fondation Bill et Melinda Gates appuie sa propagation et l'Organisation mondiale de la santé est invitée à en faire autant. La théorie est que les hommes circoncis ont un risque environ 50 pour cent moindre de contracter le VIH.

En supposant que c'est le cas, les hommes adultes peuvent raisonnablement décider s'ils courent un risque et, si oui, si la diminution du risque du VIH vaut la peine de perdre le prépuce et de courir un possible impact sur la jouissance. Mais une telle campagne porte en elle le danger réel de se traduire, dans les sociétés d'Afrique, où se concentrent principalement les efforts de prévention du sida, par la circoncision à grande échelle des nourrissons qui n'ont pas de choix en la matière.

Pendant ce temps des fonds sont investis dans l'élaboration de nouvelles façons de  faciliter  la circoncision et d'éviter les complications qui surviennent pendant la chirurgie. Ce pourrait au moins être un avantage compte tenu de la quantité de temps hospitalier consacré à la circoncision dans l'Afrique en développement, qui serait mieux utilisé pour traiter les chirurgies essentielles ou être investi dans d'autres formes de prévention du sida. La Thaïlande est bien connue pour avoir réduit considérablement le taux d'infection par le sida, mais n'a pas de tradition de circoncision, sauf chez les musulmans.

Les Etats-Unis semblent supposer que simplement parce que la plupart des Américains, sans distinction de religion, sont circoncis nourrissons, d'autres pays devraient être incités à en faire autant. L'ironique est que cette poussée de la circoncision masculine se fait en parallèle avec le soutien des États-Unis aux campagnes contre l'équivalent féminin pratiqué dans de nombreuses régions d'Afrique du nord, du nord-est et de l'Ouest, ce qui est illégal dans la plupart des pays occidentaux.

Pour sûr, la pratique des mutilations génitales féminines est une insulte grossière à la féminité et découle des craintes masculines au sujet de la sexualité des femmes. Elle implique généralement l'ablation du clitoris quoique des versions plus douces ne comportant que l'excision des lèvres puissent n'avoir pas plus d'effet sur la capacité d'excitation sexuelle que l'homologue masculin.

Mais la circoncision masculine aussi a ses inconvénients sexuels. Un rapport américain de 2002 dans le Journal of Health Psychology a déclaré que "le mâle sexuellement intact a des milliers de récepteurs de toucher fins et d'autres terminaisons nerveuses hautement érogènes dont beaucoup sont perdues lors de la circoncision, avec une baisse inévitable de sensation sexuelle."

Il a cité des études qui déclarent «les partenaires féminines ont noté un plaisir sexuel significativement plus grand lors des rapports avec des hommes intacts par rapport aux circoncis» et «les partenaires circoncis étaient significativement moins satisfaits de leur fonctionnement sexuel que ne l'étaient les intacts." Les auteurs ont conclu, "le rapport sexuel est moins satisfaisant pour les deux partenaires quand l'homme est circoncis".

En effet, tout comme les Américains essaient de la promouvoir en Afrique, elle a décliné aux Etats-Unis eux-mêmes, malgré les avantages revendiqués dans la prévention du VIH et autres infections. Dans les années 1980, il était estimé que 83 pour cent des nouveau-nés étaient circoncis, mais en 2005, ce chiffre était tombé à 56 pour cent. Il était particulièrement bas dans l'ouest où sont concentrées les populations hispaniques et asiatiques. Parmi les pays de culture occidentale, seule l'Australie a un taux de plus de 50 pour cent. Au Canada, il est seulement de 20 pour cent et la moyenne européenne se situe autour de 10 pour cent - et presque nulle dans des pays scandinaves soucieux de leur santé sexuelleIl est également très faible dans toute l'Amérique latine.

En l'Asie non-musulmane, elle n'est largement pratiquée qu'en Corée du Sud et aux Philippines, en raison d'une influence américaine passée plutôt qu'en raison de normes culturelles plus anciennes. Elle est rare en Chine, au Japon, au Vietnam et en Thaïlande (sauf chez les musulmans) et chez les Hindous et les Sikhs de l'Inde.

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