La stratégie contre les
mutilations sexuelles :
ni sexisme ni répression
mais éducation et dommages intérêts
I Bannir
le sexisme féministe et masculiniste
"La haine ne peut pas chasser la haine,
seul l'amour le peut." Martin Luther King junior
Sexistes, les combats genrés contre les mutilations
sexuelles sont contraires à toute éthique, et donc peu efficaces.
Les violences masculines ne justifient pas le
féminisme de haine des hommes dénoncé par Emma Watson à l'assemblée des
Nations-Unies. Ce féminisme prétend lutter contre l'excision en ignorant la
circoncision mais il est inadmissible de faire des jaloux dans les nurseries.
C'est ainsi que les féministes sexistes s'enferment
dans un formalisme langagier qui insiste systématiquement sur "mutilations
sexuelles féminines" là où il faut dire "mutilations
sexuelles". Semblablement, elles refusent d'admettre le terme ethnique
"circoncision" parce qu'il rappellerait trop la mutilation masculine.
Mais, en Afrique, "circoncision" signifie "purification",
ce qui est le sens commun des mutilations sexuelles.
Contre ce sexisme, la docteure Adrienne Carmack a
écrit un article intitulé : "Mutilations sexuelles féminines",
"circoncision", "chirurgie de conformité du genre" : pourquoi deux poids, deux mesures ?" [1]
et l'éthicien Brian Earp : "Mutilations sexuelles féminines et
circoncision masculine: devrait-il y
avoir un discours éthique séparé ?" [2].
La
preuve la plus convaincante de la nécessaire complémentarité des combats contre
l'excision et la circoncision a été donnée au Sierra Leone où la folie
collective pro-excision s'est appuyée sur le fait que l'OMS ne condamne pas la
circoncision. Une fanatique de Bondo affirme : "L'excision de type I
(ablation du seul capuchon) est anatomiquement équivalente à la circoncision
masculine et, comme elle, ne doit pas requérir de consentement."[3]
II Questionner
la répression légale
"Nous devons comprendre qu'elles croient bien faire en
(circoncisant leurs filles. Elles font cela par amour, non par cruauté."[4]
Edna Adan, ex-première dame de
Somalie
Mettre en prison les exciseuses, c'est comme si, en abolissant
la peine de mort, on mettait le bourreau en prison.
La loi est inefficace contre les mutilations sexuelles ; des
centaines de milliers de juifs sont morts pour la circoncision.
"La solution de la répression proposée par l’État (égyptien) a conduit
des gens à pratiquer l’excision en cachette." Aliaa Shams
La position actuelle des organisations
internationales (Organisation mondiale de la santé, Unicef, Haut commissariat
des Nations unies pour les réfugiés et Commission des droits de l’homme de
l’ONU) au sujet des mutilations sexuelles, est d'inviter à leur répression (résolution
1247, point 3 : http://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/Xref-XML2HTML-FR.asp?fileid=16914&lang=FR).
Mais la
répression est inefficace
- La grande motivation des mutilations
sexuelles féminines et masculines est exactement la même : soumettre
l'individu, pris à l'âge où il est le plus vulnérable, au moyen du traumatisme
d'une inscription définitive sur le corps de la répression du plaisir, et de la
terreur inspirée par une menace de castration et de mort présentifiée à vie. En
conséquence, faire admettre que l’excision est un crime à des populations
entières qui pratiquent quotidiennement la circoncision est impensable.
- Aussi, dans les hôpitaux du Royaume Uni pour
ne rien dire de l'Egypte ou du Soudan, près de cinq cents cas d'excision sont
découverts chaque mois[5] sans donner lieu à une seule condamnation.
Bien qu'une excisée ait 20 ans à partir de sa majorité pour le faire, aucune ne
dénonce ses parents aux autorités ; ils seraient jetés en prison et elle s'exclurait
de sa communauté.
Et
surtout, la justice applique la loi de façon discriminatoire :
- d'une part les mutilations sexuelles doivent
être considérées à la fois comme un syndrome de Stockholm transgénérationnel et
sociétal (cf. " Les mutilations sexuelles, un syndrome de Stockholm aggravé
parce que collectif") et, plus grave
encore, comme un syndrome de Münchhausen par procuration transgénérationnel et
collectif (cf. Les mutilations sexuelles, un syndrome de Münchhausen par
procuration, transgénérationnel et collectif). Ces redoutables affections psychiatriques furent
celles des adorateurs de Cybèle et des Skoptzys, qui pratiquaient la castration
totale. Elles frappent encore aujourd’hui encore les Hidjas de l'Inde. Leurs
victimes/auteurs doivent bien évidemment être considérés comme irresponsables
et l'article 122-2
du code pénal doit être appliqué:
"N'est
pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force ou
d'une contrainte à laquelle elle n'a pu résister."
- d'autre part les mutilations sexuelles sont
pratiquées sans la moindre intention de nuire et l'article 121-3 du code pénal s'applique :
"Il
n'y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre."
Mais en considérant les traditions culturelles
comme une simple circonstance atténuante, la justice d'inspiration occidentale suppose
avec arrogance que des coutumes multimillénaires seraient accomplies avec
l'intention de nuire. Ce prétexte de bonne conscience hypocrite ne permet pas
de violer la loi pénale en contournant les deux grands principes ci-dessus
énoncés. Il dissimule une discrimination ; mettre les mutilateurs en prison est
du culturalo-centrisme, un "racisme" de "La case de l’Oncle
Tom". Superbement méprisant envers des cultures populaires, ce
culturalo-centrisme paternaliste, voire raciste, est inadmissible. Personne ne
songerait à reprocher aux parents musulmans ou juifs d'avoir l'intention de
nuire à leurs garçons par la circoncision. En se prononçant différemment pour
les filles, la justice est sexiste.
La loi
pénale étant inapplicable et contre-productive, la justice doit seulement condamner
à des dommages et intérêts civils conséquents, comme cela a eu lieu dans la décision qui a temporairement mis
fin à la circoncision en Allemagne en 2012. Cela est d'autant plus justifié que
les clitoris coupés sont utilisés pour la fabrication de crèmes censés procurer
santé et richesse vendues au marché noir[6].
Cependant, après avoir été sermonnés par les
tribunaux sur le caractère discriminatoire de leur pratique, les récidivistes
devraient être traduits devant les tribunaux pénaux sous l'accusation de
discrimination contre l'humanité.
Le seul
instrument efficace contre les mutilations sexuelles est le dépistage, adopté par l'Espagne. Sans lui, la lutte ne
restera que vœux pieux. Il consiste à systématiser les visites médicales
scolaires pour tous les enfants du début à la fin de l'université. Il permettra
de dénoncer les contrevenants. Après
quelques condamnations à des dommages et intérêts aux victimes accompagnées d'une
ample couverture médiatique, le risque financier sera si élevé que ce sera la
fin de l'excision.
III Combattre une double discrimination
1) La discrimination subie : les handicaps
imposés aux mineurs
Les mutilations sexuelles créent des handicaps physiologiques et
sexuels. Trahison sauvage de l'innocence de l'enfance, elles créent aussi des
handicaps mentaux. L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a souligné
le phénomène dans sa résolution du 1er octobre 2013 ("Le droit des enfants à l’intégrité physique"), votée à une forte majorité avant même
une importante consultation de spécialistes de la circoncision intervenue en janvier 2014 (http://assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-fr.asp?newsid=4851&lang=1) :
"L'Assemblée parlementaire est particulièrement
préoccupée par une catégorie de violations de l'intégrité physique des
enfants, que les partisans de ces
pratiques ont tendance à présenter comme bénéfiques pour les enfants eux-mêmes
en dépit d'éléments présentant manifestement la preuve du contraire.
Cela comprend, entre autres, la
mutilation génitale féminine, la circoncision des jeunes
garçons pour des raisons religieuses,..."
La rapporteure de l'assemblée a répondu aux
critiques israéliennes (amalgame entre l'excision et la circoncision) identiques
au leitmotiv des féministes misandres dénoncées par Emma Watson : "La
résolution adoptée… n’établit en aucun cas un "parallèle" ou une
"comparaison" entre la circoncision et les mutilations génitales
féminines." et : "aucun amalgame n’a été fait" ("We did mention
different categories of violation of the physical integrity of children, which
we, however, very clearly distinguished and did not mix up in any way."), ce qui signifie clairement que les
mutilations sexuelles féminines et masculines ont été traitées et condamnées séparément
(http://assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=4692&lang=1&cat=).
Bien plus, en France, le 14 juin 2013 à la
Sorbonne, la présidente de la Commission nationale consultative des droits de
l’homme a annoncé qu’elle mentionnerait, dans son prochain rapport au président
de la république, que les mutilations sexuelles féminines et masculines sont
discriminatoires.
Mais si, publié le même jour, son “Discours de
la présidente” (“La CNCDH réaffirme son soutien à la lutte contre
l’excision”) a confirmé que "... l’excision est une
pratique discriminatoire”, non seulement c'est au seul sens de la
discrimination subie (les handicaps) mais encore il n'a plus mentionné la
circoncision, de même que l’ "Avis sur les mutilations sexuelles féminines"
de la CNCDH du 28 novembre 2013. Et ce
dernier ne parle même plus de discrimination. Il semble que le tollé des religieux
provoqué par la résolution susmentionnée de l'assemblée du Conseil de l'Europe
a dissuadé Madame Lazerges de tenir parole. Autrement dit, politique électorale
obligeant, les religieux font la loi contre les droits humains.
2) La discrimination exercée sur le reste de
l'humanité : une auto-discrimination prétendue morale
Par écrit, Madame Lazerges s’est limitée à la
discrimination subie. Mais, puisque les mutilateurs en tirent une gloire
illusoire et une arrogante prétention de supériorité morale, il y a aussi la
discrimination exercée sur les "non-mutilés" de la communauté ou des
cultures voisines. La discrimination chirurgicalement imposée des mutilations
sexuelles referme le groupe sur lui-même et génère exclusion, voire xénophobie
réciproques.
IV Conclusion : le droit à la sexualité contre la discrimination
morale et culturelle
"Le soir, avant de se coucher, elles devaient toutes se
mas…..r, pour bien savoir ce qu’elles allaient perdre,… " Gérard Zwang, préface
de "Le drame de l'excision" (Dore-Miloch L.)
"Les actes sexuels lui étaient douloureux, car il n'y avait
plus de lubrification possible."
Serenade Chafik parlant de sa mère excisée
Détruisant les organes spécifiques de
l'autosexualité, et notamment l’organe érectile de la femme : le phallus
féminin, les mutilations sexuelles mettent le plaisir sexuel hors la loi et trahissent
sauvagement de l'innocence de l'enfance.
Le discours de Madame Lazerges du 14 juin 2013
et la résolution de l'APCE ont concerné le droit à l’intégrité physique : les
dommages provoqués par les mutilations sexuelles. Ils n'ont rien dit du droit
au plaisir sexuel dont la négation, un puissant moyen de soumission de
l’individu, est un des principaux objectifs des mutilations sexuelles ; elles
n'accordent le statut d’adulte qu’au prix de diminuer sérieusement le plaisir
chez l’homme (Un sondage préliminaire : 83% des circoncis ignorent les
petits orgasmes en série, 88% des intacts en jouissent !), pour le remplacer le plus souvent par la
douleur chez la femme.
Les mutilations sexuelles sont l’expression
d’un ordre moral puritain féroce. Il enseigne à la jeunesse la raison du plus
fort, la violence et une prétendue supériorité morale qui est un puissant
facteur de discrimination et d'exclusion. Agir contre les mutilations sexuelles
doit dénoncer ce caractère discriminatoire, pire que le racisme ordinaire ;
c'est du Gobineau mis en acte par Mengele, du racisme la puissance dix. Il est grand temps de défendre
l'enfant contre toutes violences : humiliations, claques, fessées, coups et mutilations.
Pour cela, des mesures concrètes doivent être prises pour imposer aux parents le
respect des droits élémentaires de leurs enfants : le droit au corps et son
pendant : le droit au plaisir.
Dans ce domaine, les mineurs ont tout autant droit
que les mineures au respect de leur organe spécifique de l’autosexualité.
Condamner l'excision seule est sexiste, hypocrite et d’autant moins efficace que
l’excision n’existe qu’en pays circonciseurs.
Les mutilations sexuelles traitent les enfants
et les adolescents comme des objets. Les sanctions pénales paternalistes contre
l’excision en sont un avatar ; en emprisonnant les mutilateurs, elles referment
les communautés sur elles-mêmes et interdisent la solution du problème. Aussi,
les défenseurs des droits de l'enfant doivent prendre conscience de la part
d’ombre qui peut demeurer en eux-mêmes, à savoir la mutilation sexuelle verbale et mentale qui réprime et méprise l’autosexualité. Ce
tabou sévit sur toute la planète, porté par la langue elle-même puisque
"turbation" renvoie à "trouble" et "turpitude". Cette
répression plus ou moins consciente n’a pas permis jusqu’ici aux juristes de
formuler le droit au plaisir sexuel. Elle est la motivation profonde de l'abject,
de la part de mères en puissance, sexisme féministe ; il revendique le droit à
l'intégrité physique des filles (y compris la simple piqûre du clitoris) sans
se préoccuper de la destruction d'une importante zone érogène chez les garçons.
Ce n'est pas une raison pour discriminer en
retour les victimes des mutilations sexuelles qui entendent les perpétuer ; la
loi pénale ne doit les réprimer que parce qu'elles discriminent les communautés
et la communauté humaine.
ARTICLE LIE
[1] Carmack A. Female genital
mutilation,” “circumcision,” “gender-conforming surgery”: why the double
standard? http://adriennecarmack.com/female-genital-mutilation-circumcision-gender-conforming-surgery-why-the-double-standard/
[2] Earp B. Female genital
mutilation (FGM) and male circumcision: Should there be a separate ethical dicourse?
https://www.academia.edu/8817976/Female_genital_mutilation_FGM_and_male_circumcision_Should_there_be_a_separate_ethical_discourse
[3] Fuambai Sia Ahmadu. FGM in
Sierra Leone - to ban or not to ban: a rejoinder. http://www.thesierraleonetelegraph.com/?p=13572
[4] https://www.theguardian.com/society/2016/dec/12/edna-adan-with-my-army-of-midwives-fewer-girls-will-go-through-fgm?CMP=twt_gu
[5] Brown L. The first ever
FGM figures show nearly 6,000 new cases in England. BBC Newsbeat, July 2016. http://www.bbc.co.uk/newsbeat/article/36838870/the-first-ever-fgm-figures-show-nearly-6000-new-cases-in-england
[6]
http://www.maliweb.net/sante/mutilations-genitales-feminines-mali-clitoris-dor-occulte-exciseuses-1948932.html
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