Michel Hervé
Navoiseau-Bertaux Madame Caroline Eliacheff
89 rue
d'Hauteville 2 rue de Fürstenberg
75010 Paris 750006
Paris
h.navoiseau@gmail.com
Paris, le 1er
septembre 2012,
Madame,
"How many foreskins will it take till they know
That too many children have screamed?"
Votre canular du
Huffington Post caricature les arguments des religieux qui prétendent faire la
leçon aux magistrats du tribunal de grande instance de Cologne. Ces derniers, pour
condamner la barbarie de la mutilation sexuelle masculine, se sont fondés sur
les droits fondamentaux des enfants reconnus par toutes déclarations et
conventions internationales. Mais, pas davantage qu'eux – officiellement au
moins – vous ne vous êtes rendue compte que la circoncision viole l'article 5
de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'Organisation des
Nations Unies, le principe 10 de la Déclaration universelle des droits de
l'enfant de cette même organisation, et les articles 222-9 et 222-10 du code
pénal (comme précédemment affirmé par un jugement du tribunal correctionnel de
Turku [Finlande]) :
"Nul
ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants."
"L'enfant
doit être protégé contre les
pratiques qui peuvent pousser à la
discrimination raciale, à la discrimination religieuse ou à toute autre
forme de discrimination."
"Les violences ayant entraîné mutilation ou
infirmité permanente sont punies de… quinze ans de réclusion
criminelle lorsqu'elles commises avec
préméditation… "
Pas davantage
qu'eux donc, vous n'avez mentionné le fait que les mutilations sexuelles sont à
la fois une torture et un racisme artificiel masqué derrière culture,
tradition, religion et folklore. Car les mutilateurs discriminent leurs
enfants, leurs communautés et le reste de l'humanité par un racisme pire que le
racisme ordinaire ; c'est du néo-Gobineau (il s'agit de conférer à la
communauté une prétendue supériorité morale et même physique) dont le
quasi-clonage est mis en œuvre par Mengele. Car les mythes/rumeurs de
l'excision masculine sont une odieuse manipulation visant à faire croire aux
jeunes femmes que les "non-circoncis" sont débauchés, sans hygiène,
mauvais amants et, dans les cultures qui pratiquent la mutilation après l'âge
de la parole, lâches ("Un non-circoncis n'est pas un homme." - proverbe
africain). Tout cela dans le but d'assurer la possession des femmes par
l'endogamie et, comme reconnu, voire dénoncé dans un canular historique par le
philosophe libre-penseur juif Maïmonide, la cohésion et la perpétuation de la
communauté. La chose est particulièrement claire pour la mutilation féminine.
Au lieu de dénoncer les parents aux autorités, des médecins charlatans la
pratiquent à la demande des racistes qui, dans nos pays, affirment : "Si
on ne le fait pas, elles ne trouveront pas de mari." ; dans l'ethnie
peut-être !
Concernant la
torture, votre transcription du canularesque passage contre la circoncision
d'un disciple français de Freud omet les termes : "cette délicate
attention". Or Jacques Lacan visait justement par là votre première omission.
Ces termes montrent en effet que, dans le but de stigmatiser l'extravagante prétention
de la barbarie primitive d'en rajouter sur la différence des sexes en
supprimant l'organe spécifique d'une sexualité que Freud qualifie bien à la
légère d'infantile, il ne faisait pas seulement semblant d'attaquer la notion
de bisexualité chère à Freud. Pour ne rien dire du traumatisme psychique, il se
montrait aussi sensible à la douleur des enfants. Il est caractéristique que,
quelques lignes plus loin il énonce la loi de la perversion : "Le désir,
c'est la loi.", au lieu de la loi d'amour.
Car on ne fait
pas de canulars sur la pédocriminalité. Tout au long de son œuvre, le père de
la psychanalyse a dénoncé la mutilation sexuelle qui conduit parfois les plus
barbares à pratiquer celle de votre propre sexe. A sa suite, Alice Miller a
dénoncé ces excisions comme "les plus grands crimes contre l'humanité".
Qu'au 12ème siècle le rabbin Maïmonide n'ait pas trouvé d'autre moyen que le
canular pour condamner l'excision du prépuce est compréhensible. Les disciples
de Freud n'ont pas ce droit.
Enfin, la
docteure en médecine peut ignorer le code pénal mais pas l'article 41 du code
de déontologie médicale qui le reprend pour affirmer :
"Aucune
intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très
sérieux…."
Les juges
allemands paraissent l'avoir oublié lorsqu'ils ont concédé aux religieux qu'on
pourrait opter pour la mutilation masculine à l'âge adulte.
Il est
inadmissible qu'une docteure en médecine mette en doute le caractère
irréparable de la mutilation de la lèvre du gland que le docteur Foldès
lui-même est impuissant à restaurer. Tout se passe comme si vous croyiez dur
comme fer que l'organe spécifique de l'autosexualité féminine n'aurait pas,
dans l'autre sexe, son symétrique inverse, fonctionnel et anatomique. Mais pas
davantage qu'un circoncis ignorant de ce qu'il a perdu, une porteuse de
clitoris n'a le droit de colporter la baliverne selon laquelle le prépuce
serait "un bout de peau inutile" (c'est un célibataire qui signe
cette lettre).
Les sacrifices
humains doivent être abolis au plus vite. C'est pourquoi je vous prie de signer
et de faire signer la lettre pour la protection des enfants déposée auprès du
gouvernement et du parlement allemands par six cent médecins et juristes
allemands, dont plusieurs juifs.
Je vous demande
d'agréer l'expression de mes sentiments distingués,
P.S. : "Le
Professeur Matthias Franz invite tous les médecins, juristes, psychologues,
universitaires et associations à signer la lettre. C'est possible par courriel
adressé à : Leth@med.uni-duesseldorf.de."
copie : Mme la
ministre de la justice, M le défenseur des droits, M le grand rabbin de France,
M le recteur de la mosquée de Paris, Mrs les présidents de la LICRA, de la LDH,
du MRAP et de SOS Racisme, Mme Edwige Antier, M André Comte-Sponville, M Régis
Debray, M Jacques Duprey, M Michel Erlich, M Luc Ferry, M Alain Finkielkraut,
Mme Geneviève Garrigos, Mme Isabelle Gillette-Faye, M André Glucksman, M André
Green, Mme Claude Halmos, M Michel Houellebecq, M Bernard-Henry Lévy, M Aldo
Naouri, M Michel Onfray, M Jacques Rancière, Mme Elisabeth Roudinesco, M Michel
Serres, M Claude Sureau, M Pierre-André Taguieff, Mme Simone Veil, Me Linda
Weil-Curiel, M Elie Wiesel.
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